La solitude du founder

Lundi 30 déc. 22:37

Canté dans mon lazy-boy. Living that late night mezzanine lyfe.

Les yeux me piquent; je révise mes états financiers. Laptop s'éteint—batterie vide. Le reflet dans l'écran sale de mon Mac me juge :

Même dans mon lit, ça spin. Typhon de questions. Genre de moment où faut que tu connectes avec quelqu'un…

Ma blonde = dodo depuis un bout. Mon pote en finances est quelque part dans le sud. Mon psy m'a ghosté depuis que j'ai essayé de lui expliquer la différence entre Net Dollar Retention pis Net New ARR.

Y’a Shadow qui me fixe, mais pas encore appris à parler. fkn n00b

Même avec une communauté grandissante, je me sens souvent seul.

Et pour avoir parlé à ~100 founders dans la dernière année — je suis pas tout seul (PUN INTENDED).

Fait qu'aujourd'hui, on va en parler, de la solitude des fondateurs. Je vais même offrir quelques pistes de solutions.

2025 LFG!

L'isolement décisionnel

Quand je pitch cette infolettre, je dis souvent :

Prendre de bonnes décisions = la compétence au plus fort effet de levier.

J'en parlais récemment dans un édito ("Pourquoi ton cerveau est ton asset #1"). Autant Marc-André Campagna que Georges Saad revenaient sur ce concept en entrevue.

Chaque jour, tu dois prendre une tonne de décisions rapidement, avec de l'info incomplète. Petites, grosses—elles impactent toutes le capital d'investisseurs, le revenu d'employés, la vie de clients.

Ça pèse à la longue.

Tu peux t’entourer d’aviseurs, sonder ton mentor, demander à Chad.

Mais à la fin de la journée, tu own chaque décision… et ses conséquences.

La pression financière

La passe “pas de cash”

Tu finis l’école ou tu drop out. Tu commences à construire.

Certains weekends, tu hang out avec tes potes brillants qui se claquent des salaires six chiffres en consulting.

Ils travaillent 40h/semaine sur des Power Point. Ils voyagent, achètent des maisons, sortent au resto.

Toi, sur la ligne 101 de ton TP-1 l'an passé? 10,000$.

Et souvent, ton/ta partenaire supporte plus les finances du couple que toi.

La passe “pas ton cash”

Certains crunch à travers la première phase — les bootstrappers.

D’autres vont chercher du financement.

Je n'ai pas levé d'argent, mais j'ai longuement parlé à plusieurs fondateurs qui l'ont fait.

Mon take :

Oui y’a des investisseurs favorables-aux-fondateurs, mais au final, ils veulent tous refaire leur argent. Même si tu roules avec des chérubins thérapeutes comme VCs ou que tu te dis "ça s'appelle pas capital de risque pour rien!" — tu portes la pression de bâtir quelque chose à haut ROI.

Les mises à jour aux investisseurs, les conseils d'administration, les levées de fonds… tu opères dans un cadre où y'a une dynamique particulière de pouvoir et d'imputabilité.

Mal balancé, ça peut tuer l'esprit (ou l'exit) de certains fondateurs.

Tu peux probablement très bien gérer tout ça.

Mais y'a pas juste ça…

La déconnexion avec collègues, amis, famille

La surcharge des rôles (collègues)

On pourrait assumer que les fondateurs ne sont pas isolés au boulot — ils ont des collègues crinqués à leurs côtés!

Un petit peu vrai, quand même faux.

Même si tu assumes des tâches opérationnelles à fond, dans les tranchées avec tes employés…

Ton rôle transcende ça. Tu own toujours bien plus qu’un livrable clair et défini style ship new dashboard analytics.

Si t'es bootstrapped et prudent avec ton capital, tu attends de générer assez de revenus pour justifier une embauche.

Le hit : tu dois accomplir un paquet de tâches diverses toi-même pendant très longtemps. Après six ans, laisse-moi te dire que t'es tanné de répondre à des tickets de support ou d'écrire des blog posts.

Si t'es bootstrapped et plus YOLO avec ton capital, tu embauches rapidement en misant sur ta génération future de revenus pour couvrir de nouveaux salaires.

Le hit : tu prends en charge une nouvelle pression sur ton acquisition, puis tu regardes ton compte Stripe trop souvent.

Si t'es financé et lousse avec ton capital, tu ouvres plusieurs postes et crinque la machine RH.

Le hit : tout ce beau monde-là doivent être onboarded, formés, vite. La machine RH doit être mieux huilée pour moins brûler de cash. Tu dors avec un oeil ouvert surveillant ton burn rate. Tu travailles sur la machine au lieu de travailler dedans, mais best believe que tu travailles en masse.

Tu te fais hit à droite, gauche pis au milieu, homie.

Y’a pas de lunch gratis.

L'incompréhension et la tolérance au risque (amis, famille)

La majorité du monde ne sont pas entrepreneurs. Stats 🤷‍♂️

Pense à ton/ta partenaire de vie, ta famille, tes amis, tes collègues, le monde avec qui tu joues au Pickleball.

Leur niveau de tolérance au risque contraste clairement avec le tien. Leurs exemples d'accomplissement personnel et professionnel aussi.

Ils ne pigeront pas toujours pourquoi tu grind autant pour des cacahuètes. Et ce, malgré les faibles probabilités de succès.

Ils veulent ton bien, ta sécurité. Leurs conseils s'ancrent dans leur environnement immédiat, où règne une perception du risque/gain plus conservatrice…

AKA ils vont souvent te dire d'abandonner.

Et quand t'es pas le genre à abandonner, tu intériorises :

Et tu t'isoles encore plus.

Ça crinque ceux à l'épaule chippée (meilleure traduction franglais de "chip on the shoulder" que j'ai trouvé dans ma douche ce matin).

Ça casse ceux qui ne sont pas assez motivés.

Tout ce beau monde-là t'aiment, mais ne gèrent pas le même type de pression au quotidien. Si leurs cerveaux prennent une pause le soir ou la fin de semaine, leur chèque de paye continue de rentrer.

Oui, les fondateurs ont la responsabilité d'apprendre à gérer leur équilibre psychologique, prendre des pauses, déconnecter, etc. Mais ça vient avec la responsabilité du payroll, de la croissance, des RH, et plus.

Ton identité == ta business

La déconnection vient aussi de ta psychologie perso : ton identité est trop liée à ta business, ton ego en dépend. Tu n'es jamais satisfait. Quand la majorité des gens seraient content, tu te dis que tu pourrais accomplir et avoir plus.

(J’ai une opinion un brin hérétique sur cet archétype de l’entrepreneur ☝️ — je vais écrire là-dessus un moment donné.)

Le décalage entre image publique et réalité

J'ai vu pas mal de photos de voyage en Thaïlande sur IG, mais jamais de selfie les yeux pochés assis à la SAAQ avec le caption "j'ai oublié de payer mon permis à temps cette année encore".

L'équivalent startup : "Très fier d'annoncer que ma startup a gagné le prix de l'entreprise la plus le fun où travailler du siècle".

Décalage POV personnel

Alors que t'es endetté, surmené, déconnecté de tes potes, de ta famille, tu travailles 6-7 jours/semaine et tu te payes des peanuts. Et si t'arrêtes de travailler ou tu prends un trop gros break, la business s'effondre (au début).

Mais ça, c'est juste correct d'en parler APRÈS le "succès" — ça s'intègre mieux dans ta story sans faille d’entrepreneur persévérant.

Puis tu voudrais pas que ton équipe et tes investisseurs perdent confiance en l'implacable leader que tu es.

Décalage POV publique

Alors qu'au final good ol' Stan a échoué les deux premières startups de sa "série" d'entreprises, a brûlé des ponts perso dans sa vingtaine, a fait disparaître des millions de VC dollars dans un réseau social B2C, a fait un burnout diagnostiqué, et un secret pendant lequel sa blonde a dû googler "comment parler de santé mentale à mon chum entrepreneur".

Mais ça, c'est trop long puis pas assez baller pour la page d’accueil de Tech Crunch, et ça part moins viral sur X.

L'isolement après le succès

Même quand tu réussis, ça reste lonely.

Le succès financier de plusieurs fondateurs creuse une distance face à leurs employés, amis, même famille parfois.

Tu connectes avec d'autres entrepreneurs à succès, cool cool, mais ça court pas les rues.

Au souper de famille, tu te sens mal de parler de ton stress p/r à l'optimisation fiscale de ton capital. Surtout au Québec.

Au party de bureau, tu te sens mal d’arriver avec ton nouveau char. Surtout au Québec.

Puis ton identité de builder ou de owner s'estompe tranquillement pendant ton earnout ou ta sabbatique.

→ Demande à Vinay de Loom.

La solution

1) Numero uno IMO :

Consulte. Énorme avantage compétitif.

2) Ensuite :

Consomme le bon contenu.

Phil Genois en parlait dans son épisode👇

Lis des biographies, écoute des podcasts d’entrepreneuriat, suis des fondateurs qui construisent en publique. Ça apaise l’isolement et recharge la motivation. Surtout si tu consommes sans te comparer.

3) Mais surtout :

Trouve ta tribu.

Souvent, le manque de proximité à des pairs fesse fort. Considère :

• Build in public

  • Ça va naturellement attirer des clients, mais aussi des pairs.

  • Phil Lehoux de Missive le fait à sa sauce sur X et en publiant ses all-hands.

• Bâtir une structure de support

  • CA, comité aviseur, mastermind — invite d’autres entrepreneurs qui t’inspirent là-dedans.

• Joindre une communauté

  • Certains accélérateurs / incubateurs (au départ)

    • Protip : regarde le track record de leurs startups graduées et mentors.

  • Communautés privées et présentielles

    • Comme EO, YPO, Hampton, Chief, Vistage, etc.

Je veux régler ce problème-là depuis jour 0 de SaaSpasse. J’ai essayé avec les retraites privées (première un succès, deuxième un échec). Avec un meetup de founders privé chez moi cet automne (un gros succès).

Ça m’a donné la confiance de lancer officiellement une communauté privée pour fondateurs à haut potentiel.

On est encore en beta et je tiens à garder ça petit. Si ça change, j’en parlerai publiquement. À date j’ai un bon feeling!

—

Quelque chose à ajouter? Good. Laisse un commentaire ou réponds à ce courriel direct.

Cheers,

Frank 💜

Un autre événement sold out!

C’est officiel, il ne reste plus de billets pour l’événement du 30 janvier avec Serge Beauchemin.

Incroyable de voir l’engouement chaque fois.

Si jamais tu veux t’inscrire à la waitlist, on va débloquer des billets si y’a des annulations.

Le crew @ Le Chiffre

Cette année, on a décidé de faire shiner les experts qui accompagnent les clients chez Le Chiffre.

On part le bal avec Jérôme Cinq-Mars, Head of Fractional CFO Services dans la compagnie. Il nous parle de son rôle mais aussi de ses métriques préférées, de son type de client favori et de l’impact de sa job, entre autres.

Tu veux en savoir plus? ⬇️

Nouveau partenaire : Unicorne

On peut pas commencer la nouvelle année sans vous présenter notre tout nouveau partenaire certifié, Unicorne.

Une infrastructure cloud qui suit votre vision — pas l’inverse.

Unicorne, c’est le partenaire cloud des SaaS et startups tech. Pas de flafla, juste des services de migration, optimisation et scaling pensés pour votre réalité.

Fiable, sécuritaire, flexible, et abordable : que vous soyez en MVP ou en hypercroissance, leur offre s’ajuste à vos besoins d’aujourd’hui et de demain.

C’est d’ailleurs pour ça que tant de fondateurs québécois leur font déjà confiance.

Rejoins les SaaSpals 👇

Merci tellement à tous nos SaaSpals. Votre support nous motive BIG TIME.

Podcast

Voici le dernier épisode du pod :

→ Ep.118 - Richard Chenier : C’est beau rêver, mais faut livrer (QC tech)

Pas encore abonné au pod? Let’s go :

• Spotify

• Apple Podcasts

• YouTube

Okay bobye!